Alors que certains croient que l’art se doit d’être fondé sur des bases normatives et scolaires, d’autres, comme Martine Birobent, se battent pour faire reconnaître une création artistique de la nature du spontané, sans autres racines que celles du désir de s’exprimer.
Âgée de huit ans seulement, elle sculptait déjà, créant des amoncellements de coquillages, libération du quotidien vers un tout autre univers. Univers qu’elle a continué à fertiliser grâce au dessin; calepins abandonnés dans tous les pays du monde, alors que la jeune bohémienne Birobent parcourait, sautait d’un continent à l’autre. Puis, la bohème s’est calmée un peu, posant le pied sur une terre nommée Plateau, où Birobine voulu faire une pause. L’artiste s’y est affirmée, solidifiée, et s’est mise à transformer, grimer, camoufler, pervertir, travestir, adapter et détourner la réalité moribonde. Touche-à-tout. Multidisciplinaire. Sans autre formation que son imagination et son savoir-faire naturel, brut.
« Je travaille d’arrache pied à muter et à m’adapter pour survivre. » M.B.
Ses sculptures sont bâties sur des résidus ménagers rescapés des bacs de récupération. Ils sont enrobés de fibre de verre et de résine, garantissant leur immortalité, leur solidité et résistance. Ils sont joyeusement colorés, se dévoilant pimpants, défiant la fatalité. Royaume fantastique, birobentesque.
Les personnages de ses peintures sont grotesquement dotés de tous les apanages sexuels possibles. Mâles et femelles, enceints de l’univers, transparents et intimement mêlés à la toile de fond, ils défient les conventions et la nature même des éléments. L’égalité, le partage, la symbiose.
« Je voudrais donner à mes œuvres le pouvoir de faire sourire, d’oublier, de faire revivre. Je cherche à créer un langage, tout comme le faisaient les grotesques, à travers des êtres hybrides, mi-humains, mi-objets. » M.B.
Martine Birobent ne cessera jamais de créer, abondante artiste pour qui la plus grande appréhension serait d’arrêter de peindre, de sculpter, de tricoter, de coller, de bâtir.